2 mai 2024 à 11h52 par Hélène Gosselin

Christophe Verduzier, directeur de l'hôpital psychiatrique : "On ne peut pas fonctionner ainsi durablement"

En Lozère, le seul pédopsychiatre du centre François-Tosquelles est en arrêt maladie depuis deux mois

enfant
Les enfants sont tout de même accueillis dans les centres médico-psychologiques
Crédit : Pixabay

Depuis deux mois, le seul psychiatre pour enfants et adolescents de l'hôpital François-Tosquelles en Lozère, est en arrêt maladie. Il vient de reconduire son arrêt pour un mois. Christophe Verduzier, directeur du centre hospitalier François-Tosquelles a accepté de répondre aux questions de Totem :

Comment la continuité des soins peut-elle être assurée ? 

"Il est habituel que les psychiatres interviennent en pédopsychiatrie. Depuis son absence, des relais ont déjà été pris par des psychiatres pour adultes pour assurer la continuité des soins pour les prises en charge engagées, notamment pour les renouvellement de prescriptions de soins et médicamenteuses. On a également un médecin pédopsychiatre qui intervient mensuellement sur le site de Langogne. Les prises en charge engagées se poursuivent avec les professionnels paramédicaux et les psychologues. Mais la situation n'est évidemment pas idéale, on ne peut pas fonctionner correctement ainsi durablement. Cela pose notamment la question de nouvelles prises en charge qui peuvent être retardées.

Pour les patients, j'imagine que changer d'interlocuteur peut être problématique...

Bien sûr ce n'est pas idéal, mais les patients voient moins souvent le médecin que les infirmiers, les psychologues, ergothérapeutes, psychomotriciens, orthophonistes... Le médecin est là pour définir des prises en charge, décider des traitements qui sont mis en place, les évaluer, rencontrer les familles... C'est effectivement aussi un point délicat. 

Comment cela se passe pour les urgences ? 

Les urgences sont prises en charge par les psychiatres pour adultes, via un passage éventuellement par les urgences de l'hôpital de Mende ou un adressage interne par les Centre médico-psychologiques. 

Combien de places avez-vous à l'hôpital psychiatrique pour les enfants ? 

L'essentiel des prises en charge, que ce soit pour les adultes, et plus encore pour les enfants se fait en ambulatoire. Il s'agit essentiellement d'une activité de consultations. Mais nous avons des places d'hospitalisation à Mende et à Saint-Chély. Notre capacité d'accueil pour les adolescents est de huit lits. Sinon, la psychiatrie est organisée de façon très territorialisée dans des centres de consultation. Il y a en a sur tout le territoire : à Saint-Chély d'Apcher, à Marvejols, à Mende, Florac et Langogne. 

A la suite du renouvellement de l'arrêt maladie du pédopsychiatre, quelles mesures allez-vous prendre ? 

Je vais rencontrer, ce jeudi 2 mai, le président de la Commission médicale de l'établissement, le Dr Raphaël Massif, pour organiser de façon la plus précise possible les renforts du service de pédopsychiatrie pour pallier les difficultés que nous rencontrons. Concrètement nous allons essayer d'organiser la mobilisation sur certains jours, sur certains lieux de médecins qui interviennent en psychiatrie adulte. Par ailleurs, cette démarche n'est pas exclusive des autres. En pédopsychiatrie, nous devrions avoir trois médecins, nous n'en avons qu'un pour l'instant. Nous recherchons activement des médecins, mais il est difficile de recruter dans les territoires ruraux et d'autant plus sur des spécialités. L'autre solution, plus court-termiste est de recruter des intérimaires. C'est une solution à laquelle nous avons déjà recourru ces derniers mois. Nous ne pourrons pas être présents sur l'ensemble du territoire, mais nous allons essayer d'organiser le maximum de temps de consultations possibles avec nos moyens propres dans l'attente d'avoir du renfort. 

En attendant, est-ce que les nouveaux patients devraient plutôt s'orienter vers des pédopsychiatres libéraux ? 

Il n'y a pas une offre privée très importante sur la Lozère, mais bien-sûr ils peuvent s'orienter vers une consultation libérale. Pour autant, toutes les personnes qui se présentent dans les centres médico-psychologiques sont accueillis. Des entretiens sont réalisés avec les personnels infirmiers pour évaluer la situation et le cas échéant, seront réorientés vers les consultations que nous allons réorganiser, ou dans le secteur libéral ou vers des psychologues dans le libéral ou à l'hôpital."