18 avril 2024 à 19h53 par Hélène Gosselin

La Voie royale se taille une route vers l'inscription aux Monuments historiques

Créée au 17ème siècle pour permettre aux troupes du roi de traverser les Cévennes, elle cache de nombreux ouvrages patrimoniaux

Voie royale
Voie royale
Crédit : Hélène Gosselin

La Voie royale au Plan de Fontmort, on dirait presque un nom de roman d'héroic fantasy, mais non il s'agit bien d'une voie créée au 17ème siècle pour permettre aux troupes du roi de traverser les Cévennes avec chariots et canons afin de mater les Protestants. Elle est située en plein cœur du Parc National des Cévennes,et conduit du Plan de Fontmort à la Pierre plantée.  Les acteurs du territoire souhaitent déposer une demande d'inscription aux Monuments historiques. 

Le rendez-vous a été donné mercredi 17 avril à 11h, au Plan de Fontmort à Michèle François, chargée de la protection des monuments historiques à la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC). Ils étaient nombreux sur place pour la convaincre de leur trésor : des élus de Saint-Martin de Lansuscle, propriétaire de la Voie, et Saint-Germain de Calberte, des agents de l'Office nationale des forêts, la Fondation du patrimoine, l'Unité départementale de l'architecture et du patrimoine, le Parc national des Cévennes et les Associations des Artisans bâtisseurs en pierres sèches et des Artisans lauziers. Marc Dombre de la Fondation du Patrimoine et spécialiste des ouvrages en pierre sèche a guidé la visite.

"C'est une voie qui a été conditionnée au 17e-18e siècle de façon à permettre de faire passer les troupes du roi pour surveiller le territoire cévenol qui était en pleine ébullition avec le développement du Protestantisme. Et elle reprenait d'anciens tracés qui étaient utilisés bien avant pour circuler d'une région à une autre."

            

Ce tronçon de l'ancienne voie royale comporte dix-neuf ouvrages : des aqueducs, des "buttarous", empêchant les charrettes de dévier, des abris pour les cantonniers, des calades, une rigole directement creusée dans le rocher... Michèle François, était impressionnée :

"Il y a plusieurs aspects, il y a le paysage, il y a l'histoire et les matériaux mis en oeuvre de façon très sophistiquée, avec ce schiste très bien travaillé, très bien taillé. Je suis assez heureusement surprise, je ne m'attendais pas à voir autant d'ouvrages d'art enore en état sur ce tronçon de voie royale." 

Ces atouts ne garantissent pas pour autant l'inscription aux Monuments historiques.

"Pour faire passer un dossier, pour protéger un édifice au titre des Monuments historiques, il y a différents critères : le caractère d'ancienneté, d'authenticité, que le site n'ait pas été trop modifié et puis il faut de la documentation, des archive,s qui attestent de la création de cette voie royale, comment elle a été construite... C'est un des axes sur lesquels il va falloir travailler : trouver des archives sur cette Voie royale."

Pour couronner le tout, la voie passe à proximité d'un menhir et d'une tombe à coffre datant du néolithique et des vestiges de la maison gallo-romaine Saint-Clément. Quant à savoir si le site sera inscrit au patrimoine historique, il faudra attendre au moins un an pour avoir la réponse, le temps de trouver les archives qui attestent de sa construction et de passer le dossier en commission.

   

Cette Voie royale fait partie des deux projets qui ont été retenus par la Fondation du Patrimoine dans la catégorie « patrimoine naturel et biodiversité ». Son caractère patrimonial lui a permis de bénéficier d'une subvention de 45 000€ de la Fondation pour la restauration de deux aqueducs en pierre sèche abîmés par le passage des grumiers, des camions qui transportent les troncs. Le porteur de projet est d'ailleurs l'Office National des Forêts et le montant total des travaux s'élève à 75 000€.