19 octobre 2021 à 14h10 par Johan Gesrel

US Montauban : un ancien coach et deux ex-présidents jugés pour travail dissimulé

Tarn-et-Garonne L'audience a eu lieu ce mardi devant le tribunal correctionnel de Montauban.

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L'ancien entraîneur de rugby de l’US Montauban, Pierre-Philippe Lafond, et deux anciens présidents du club de ProD2, Thierry Eychenne et Daniel Bory ont été jugés mardi pour travail dissimulé et fausse déclaration devant le tribunal correctionnel de Montauban. Le club professionnel est soupçonné d’avoir employé "PP-Lafond" en tant qu’entraîneur alors qu’il suivait une formation de manager et qu’il touchait des indemnités chômages sur la période 2015-2016.

L'enquête a été confiée au SRPJ de Toulouse. Les deux anciens dirigeants et l'ancien entraîneur ont tous été entendus lors de garde à vue avant d'être mis en examen. Pierre-Philippe Lafond a été placé sous contrôle judiciaire.

Des sommes forfaitaires versées par le club à l'une des sociétés de PP-Lafond

Durant la période, celui qu’on présentait comme le coach des avants aurait touché régulièrement des sommes forfaitaires de 2 à 3000€ de la part du club sur le compte d’une de ses sociétés "PP-Lafond Consulting".

"Des sommes qui correspondaient à des remboursements de frais de formation de manager", se justifie Pierre-Philippe Lafond devant la juge. "Il n'y a pas eu d'enrichissement personnel. Je ne me suis jamais payé de voyages aux Bahamas", déclare l'ex-coach. "Reste que ce versement peut être perçu comme un salaire", estime l’accusation.

Au cours de l'audience, l’avocat de Pierre-Philippe Lafond, Laurent Mascaras a plaidé la relaxe. Pour lui, il n’y avait rien d’illégal dans le fonctionnement de l’époque même si tout le monde présentait "PP" comme entraîneur et non comme stagiaire du club.

"Il n'y a jamais eu d'attention de frauder", plaide l'ex-président Daniel Bory

Les deux anciens présidents, Thierry Eychenne et Daniel Bory ont également été entendus dans ce dossier où Pôle-Emploi et la CPAM sont partie civile.

"A aucun moment ça n'a été une stratégie", martèle Daniel Bory. "Il n'y a jamais eu d'attention de frauder". Durant sa formation, Pierre-Philippe Lafond dit avoir effectué des stages dans les différents services du club et intervenait en tant que soigneur. A la suite de l'enquête, il d'ailleurs été officiellement embauché comme entraîneur.

Problème selon les juges : Pierre-Philippe Lafond est présenté sur le site Internet du club comme entraîneur des avants pendant sa période de formation. "Un poste jamais contesté devant les journalistes non plus lors qu'il se présentait lors des conférences de presse", souligne le tribunal. Au cours de l'enquête, un des joueurs de l'US Montauban toujours en poste a été interrogé et confirme : "PP Lafond n'a jamais été soigneur. Suite au départ de Xavier Pémeja (ex-coach parti à Nevers, NDLR), il nous a été présenté comme entraîneur des avants ".

"Un arrangement entre amis", estime le procureur

L'avocate de Pôle-Emploi, Anne Vidal, a fait le calcul : Pierre-Philippe Lafond aurait touché "de 6 à 7000 euros par mois d'allocation chômage pour 7,5 heures de formation par semaine". Selon elle, l’entraîneur a été « rémunéré sur le dos de la collectivité ».

Pour le procureur Anne Gaullier, il n'y a pas de doute, PP-Lafont a bien exercé en tant qu'entraîneur durant la période incriminée. "Il l'écrit même sur son compte Linkedin. (...) Il y a eu un petit arrangement entre amis et il y a eu une rémunération dissimulée" ajoute la représentante du Ministère Public.

La procureure a requis 10 000 d'amende à l'encontre de l'ex coach Pierre-Philippe Lafond qui a déjà versé 70 000€ de caution. Six mois de prison avec sursis et 5000€ d'amende ont été requis à l’encontre de Daniel Bory et de Thierry Eychenne. Le parquet a aussi requis 25 000€ d'amende avec sursis contre le club professionnel de l’US Montauban.

Les juges rendront leur décision le 18 janvier 2022.

 

photo : les avocats de PP-Lafont et de Daniel bory avant l'audience (crédit : johan gesrel.)